Mais dans l’ensemble il s’agit de villas modernes. Il sourd un ennui profond, systémique, comme si l’horizon du sexe seul pouvait l’éradiquer. On songe à Eric Fishl, qui peignit dans un autre style une idée similaire.
Un mot sur les petites fontaines, qui ont tout, mais en miniature, de ces monuments éphémères édifiés par les italiens de la Renaissance pour décorer des fêtes somptueuses, fêtes au demeurant souvent imaginées par des artistes.
Un jeune garçon torse nu en short, le pied posé sur un ballon de football (ou, plus simplement, une sphère) est juché en haut d’une colonne, qui est un torse masculin stylisé, du bas de laquelle s’échappe ledit jet d’eau.
La fontaine constitue bien sûr une référence à la Fountain de Marcel Duchamp car la vasque est un moule étagé à cannelés (ready-made rapport à l’urinoir duchampien).
La forme intérieure vertigineuse n’est pas non plus sans rappeler les cercles de l’Enfer dans la Divine comédie de Dante et les représentations qu’en donna Botticelli, mais c’est une autre histoire.
Jean Claracq a déboulé dans le monde de l’art il y a quelques années, mais pas de manière tonitruante. Nulle installation gigantesque et instagrammable, il peint de minuscules tableautins mais à la densité sans doute assez proche de ce que fut l’univers au moment du big bang. Car les œuvres de Claracq, aussi petites soient-elles, contiennent des mondes en gestation, et que le regard amène à terme.
Elles sont comme des fragments entraperçus par un œilleton. Un peu comme l’Étant donné de Marcel Duchamp.
L’exposition cet été à la galerie Sultana ne faisait pas exception. Pas de grand geste mais une vingtaine de tableaux et de petites fontaines crachotant un gargouillis d’eau comme de caustiques éjaculations.
Les scènes des tableaux se déroulent généralement dans des architectures middle class de banlieue et l’imaginaire est homoérotique. Les arcades rappellent parfois les cloitres de la Renaissance italienne.
Jean CLARACQ, Monument 1, 2024.
Buis d’Amerique, Etain, laiton, moule en cuivre, nickel, perle naturelle 23 x 40 cm
Jean CLARACQ
Une Fictions
Galerie Sultana, Paris
7 juin - 20 juillet 2024
Richard Leydier
Jean CLARACQ, Jérôme, 2024.
Huile sur bois. 16 x 13, 8cm
Jean CLARACQ, Sans titre, 2024.
Huile sur bois. 16 x 13, 8cm
*Toutes les images Courtesy Galerie Sultana
Jean CLARACQ
A Fictions
Galerie Sultana, Paris
June 7 - July 20, 2024
Richard Leydier
Jean Claracq burst into the art world a few years ago, but not in a thunderous way. No giant, Instagrammable installations—he paints tiny panels, but their density is perhaps close to that of the universe at the moment of the Big Bang. For Claracq's works, small as they may be, contain worlds in gestation, which the viewer's gaze brings to term. They are like fragments glimpsed through a peephole, somewhat like Marcel Duchamp's Étant donnés.
This summer's exhibition at Galerie Sultana was no exception. No grand gestures, but around twenty paintings and small fountains sputtering with a gurgling of water, like caustic ejaculations.
The scenes in the paintings generally unfold in middle-class suburban architecture, with a homoerotic imaginary. The arcades sometimes evoke the cloisters of the Italian Renaissance, but overall, they depict modern villas. A deep, systemic boredom seeps through, as if only the horizon of sex could eradicate it. One thinks of Eric Fischl, who painted a similar idea in a different style.
A word on the small fountains, which have everything, but in miniature, of those ephemeral monuments built by Renaissance Italians to decorate sumptuous festivities, often imagined by artists. A young boy, shirtless and in shorts, with his foot resting on a football (or more simply, a sphere), is perched atop a column, which is a stylized male torso, from the base of which the aforementioned stream of water emerges. The fountain is, of course, a reference to Marcel Duchamp's Fountain, as the basin is a multi-tiered mold for cannelés (a ready-made nod to Duchamp's urinal). The dizzying interior shape also recalls the circles of Hell in Dante's Divine Comedy and the representations of it by Botticelli—but that's another story.